Rapport préliminaire de la campagne de prospections 2013
par Stephan G. Schmid et Caroline Huguenot
IV. Bilan et perspectives
D’après les résultats de ces trois campagnes de prospection, le site du Rocher des Aures présente toute une série d’aspects nécessitant des recherches futures. Entre autre, il semble bien que ce site présente une continuité d’occupation – comprenant peut-être des changements de fonction – entre l’époque gallo-romaine et le Moyen Âge, ce qui devrait offrir une excellente occasion d’approfondir nos connaissances de ce type d’occupation à long terme Pour une présentation synthétique, voir Schneider 2007. .
En revanche, une occupation sous forme d’oppidum de l’Age du fer, et éventuellement encore plus ancienne, reste quelque peu énigmatique. Les trouvailles de surface n’offrent pour le moment – à la différence de toutes les recherches plus anciennes – que très peu de crédit pour une telle datation. A l’exception de quelques tessons probablement de production campanienne ou d’imitations provenant du plateau du Rocher des Aures, deux tessons non tournés pouvant dater de la fin de l’Age du bronze ou de l’Age du fer ont également été trouvés au sud du plateau Pour ces trouvailles voir rapport 2011. . Le mobilier faisant défaut, les meilleurs indicateurs d’un éventuel site fortifié d’époque celtique restent les deux grands murs défensifs (dans les secteurs A–E/2–3 et B–D/10–11 respectivement sur les figs. 1. 2.. 33. 34), construits – en l’état actuel des connaissances – en pierre sèches, sans aucun liant de mortier.
D’après la répartition chronologique générale de la céramique, trois zones principales sont repérables (fig. 33) :
la premières est formée par la plus grande partie du plateau du Rocher des Aures, qui s’étale du grand mur inférieur jusqu’au mur de barrage de la pointe dans le secteur C/12. Dans cette zone, la grande majorité des trouvailles appartient à l’époque gallo-romaine (rouge sur la fig. 33 ; cf. rapports 2011 et 2012) ;
la pointe du Rocher est, quant à elle, fortifiée de tous les côtés à l’aide d’importants murs construits en petit appareil avec du liant de mortier ; le mobilier qui y a été recueilli remonte surtout à l’époque médiévale (bleu sur la fig. 33 ; cf. rapport 2011) ;
à cette même zone appartient le village au pied de la pointe, comme on vient de l’exposer ci-dessus ;
finalement, les secteurs D–F/9–12 correspondent à une zone de « contacts » entre les deux précédentes, à savoir que de la céramique allant de l’époque gallo-romaine au Moyen Âge (vert sur la fig. 33) y a été découverte. Ce constat est d’autant plus logique qu’ici convergent les tessons des deux autres zones, amenés par l’érosion. C’est en outre dans ces secteurs que la terre a été le plus remuée à l’époque moderne.
Suite aux résultats des prospections 2011 à 2013, nous aimerions continuer nos activités archéologiques sur le site du Rocher des Aures pour la période 2014 à 2016 en envisageant trois campagnes de fouilles ponctuelles, chacune d’une durée d’approximativement un mois.
En effet, si grâce aux prospections menées de 2011 à 2013 l’image du site est désormais plus complète, certaines questions n’ont pu être résolues et de nouvelles sont venues se poser.
Parmi les problématiques demandant une étude plus approfondie, on mentionnera (sans être exhaustif) :
De manière générale, la chronologie précise et complète des structures ;
la chronologie des grands murs en pierres sèches a priori défensifs, à savoir le grand mur inférieur et le mur intermédiaire (en A–E/2–3 et B–D/10–11 respectivement sur la fig. 34) ;
la technique de construction de ces murs ;
la ou les fonctions des structures rectangulaires à l’intérieur du plateau (p. ex. ST 3 et ST 10 dans les secteurs C–D/8 sur la fig. 34) ainsi que leur chronologie.
Pour tenter de répondre à ces questions, nous proposons les activités suivantes (cf. également fig. 34) :
Deux sondages sur le grand mur (en A–E/2–3 sur la fig. 34), dont un à l’emplacement de la porte présumée, l’autre à l’un des tronçons où le mur semble plus ou moins bien conservé ;
deux sondages sur le mur intermédiaire (en B–D/10–11 sur la fig. 34) ;
deux à quatre sondages (selon l’avancée des travaux) dans les structures rectangulaires (ST 3 et ST 10 en C–D/8 sur la fig. 34).
Il est prévu d’effectuer des sondages de taille réduite (pas plus grands que 5m sur 5m), de manière à être certain de les terminer lors d’une même campagne. Tous les sondages seront remblayés à la fin de chaque campagne. Les éventuelles trouvailles seront déposées, comme lors des prospections 2011 à 2013, au Musée archéologique de Nyons.
Concrètement, pour 2014 nous prévoyons :
Un sondage sur le grand mur inférieur (en A–E/2–3 sur la fig. 34), mais pas celui à l’endroit de la porte présumée. En effet, nous préférerons tout d’abord rassembler un maximum d’informations sur un autre tronçon de ce mur avant de nous attaquer à une éventuelle porte ;
un sondage sur le mur intermédiaire (en B–D/10–11 sur la fig. 34) ;
un sondage dans la structure rectangulaire (ST 3 en C–D/8 sur la fig. 34).