Rapport préliminaire de la campagne de prospections 2013
par Stephan G. Schmid et Caroline Huguenot
II. Résultats de la campagne de prospections 2013 – 3. Secteurs CD/12–14
La deuxième zone où une grande densité de structures et murs à pu être observée se situe dans les secteurs B–E/12–14, immédiatement au sud du pic du sommet (figs. 3. 4). Sur les anciennes cartes figure à cet endroit le « village féodal médiéval » Chevalier 1920/1968 : plan après p. 36. , qui selon certains chercheurs réutiliserait des structures plus anciennes, peut-être d’époque gallo-romaine. Aujourd’hui, cette zone est couverte d’une végétation dense, mais des restes plutôt importants de structures a priori rectangulaires se distinguent encore assez nettement.
Ainsi, les structures 20 à 25 et 33 à 35 appartiennent à des constructions rectangulaires, avec des murs construits en gros appareil et comportant d’importantes quantités de mortier de chaux (figs. 5–10. 12–18). L’aspect ainsi que la technique de construction de ces murs correspondent assez bien à ceux des grands murs situés sur le sommet du Rocher des Aures, qui faisaient vraisemblablement partie d’une forteresse médiévale (cf. rapport 2011). Toute cette zone est accessible et en même temps quasiment englobée par un petit chemin allant du pied du sommet du plateau dans le secteur C/14 et formant presque un demi-cercle vers la pente sud dans le secteur D/11. Le chemin lui-même est construit sur un mur de soutènement soigneusement aménagé (fig. 17). Son tracé, ainsi que le fait qu’il n’est plus utilisé de nos jours, pourraient indiquer une origine ancienne, peut-être contemporaine des différentes structures observées.
Hormis leur technique de construction, composée de moellons de tailles variées et grossièrement taillés, les différents murs formant les structures susmentionnées montrent d’autres caractéristiques communes : Ils utilisent systématiquement d’importantes quantités de mortier de chaux, associant des blocs de forme plus ou moins carrée à d’autres bien plus allongées. Leur épaisseur varie de 55 à 85 cm, avec une moyenne autour des 60 à 70 cm. Là où l’élévation des murs est suffisamment conservée, on constate régulièrement des niches aménagées dès la construction, comme le montrent les exemples des murs W 26 (fig. 11) avec une niche, et W 32 (figs. 9. 10) avec deux niches.
Pour autant qu’on puisse en juger dans l’état actuel de leur conservation, ces structures forment régulièrement des constructions rectangulaires. La surface d’une seule pièce peut aller jusqu’à 13,5 m², comme dans le cas de la ST 22 (figs. 5. 8) avec ses murs longs de 4,5 m sur 3 m. Comme le montre le cas de la FT 10 (avec ST 33 à 35 ; cf. fig. 16), les pièces peuvent se regrouper et former des unités de plusieurs pièces allongées. Les entrées aux pièces se localisent souvent vers un angle du mur de façade, au moins tel est le cas dans les ST 20, 21, 22, 33, 34 (cf. figs. 5. 15. 16). Les murs de façade et donc également les entrées sont toujours orientés – au moins dans les grandes lignes – vers le sud. Cette orientation est doublement logique : d’une part, la forte pente, allant du pied du sommet du Rocher des Aures en direction du sud, interdisait un autre emplacement pour les portes d’entrées, au moins pour les rez-de-chaussées Sans que cela implique nécessairement l’existence d’étages supérieurs. Même si cela semble fort plausible, nous n’en avons aucune preuve physique pour le moment. . D’autre part, ce n’est certainement pas un hasard si les constructions documentées cette année se concentrent de manière dense autour du pied sud du sommet du Rocher des Aures. En dehors de considérations d’ordre stratégique (voir infra), les forts vents du nord rendaient tout autre emplacement, et donc orientation des constructions, trop inconfortable.
Dans certains cas, comme par exemple avec le mur W 26 (figs. 3. 11), nous n’avons pu observer qu’un tronçon de mur isolé, sans que l’on puisse déterminer s’il s’agissait à l’origine d’une structure telle celles décrites plus haut, ou simplement d’un mur de soutènement/terrassement isolé.
La petite structure ST 23 (fig. 3), immédiatement au sud de la ST 22, constitue un cas exceptionnel ; occupant une surface de seulement 2m² et construite avec un abondant mortier de chaux, elle pourrait éventuellement être interprétée comme un bassin/citerne, sans qu’à ce jour des tuyaux ou autres installations hydrologiques n’aient été découverts.