Le Projet Archéologique du Rocher des Aures

Rapport préliminaire de la campagne de prospections 2011

par Stephan G. Schmid et Caroline Huguenot

IV. Resume et perspectives

L’impressionnant site fortifié antique sur le Rocher des Aures au sud du département français de la Drôme (26) peut être désigné comme un oppidum protohistorique et gallo-romain (avec une occupation qui perdure jusqu’à l’époque médiévale). Les résultats prometteurs de cette première campagne de prospections déroulée en septembre 2011 rendent souhaitable une poursuite des travaux d’exploration, dans un premier temps sous la forme de deux campagnes de prospections supplémentaires, et ultérieurement – selon les résultats des prospections – éventuellement au moyen de fouilles, sous la forme de sondages ponctuels en des points névralgiques. Le recours à des méthodes d’exploration géophysique pourrait être envisagé en vue de l’implantation de ces sondages, afin d’obtenir une idée plus précise des structures éventuellement présentes à l’emplacement de la supposée porte, ou encore sur l’arrangement des présumées maisons. Plus précisément, on envisagera une deuxième campagne de prospections (documentation et cartographie de structures, ramassage de trouvailles de surface) en 2012 sur le plateau même du Rocher des Aures Pour ces activités, les autorisations des propriétaires des terres ont déjà été obtenues. , ainsi qu’une troisième campagne de prospections (documentation et cartographie de structures, ramassage de trouvailles de surface) en 2013, pour les terrasses et pentes au sud du plateau.

A côté de l’exploration archéologique des restes du Rocher des Aures, le projet offre une grande série de possibilités de développements locaux, régionaux et supra-régionaux. Jusqu’ici, la région au pied occidental de la montagne de la Lance n’a pas fait l’objet de recherches archéologiques intenses; soit qu’elle se trouve trop avancée dans les terres pour les spécialistes de la Méditerranée celtique, ou alors bien trop au sud pour ceux de la Celtique continentale (voir figs. 34. 35) Pour la définition géographique des sujets de recherches, voir les descriptions respectives de Fichtl 2005, 11–23 et Garcia 2004, 5–25. . Dans cette optique, ainsi que dans la perspective de contacts supposés avec Massalia il serait particulièrement intéressant d’étudier les différents faciès et traces d’échanges culturels présents sur le Rocher des Aures. En effet, ce dernier ne se situe pas seulement dans une zone frontière entre Celtique méditerranéenne et européenne, mais également dans une région où se touchent les territoires d’au moins deux tribus celtes, les Voconces et les Cavares A ce propos, voir Barruol 1969, 231–294; Segard 2008; Tarpin 2007; Meffre 1993. . L’exploration exemplaire d’un grand oppidum absolument dépourvu de toute construction moderne et situé au cœur de cette région pourrait ainsi livrer de précieuses informations sous plusieurs aspects.

L’archéologie germanophone n’est traditionnellement représentée que de manière très discrète dans le sud de la France. Le présent projet est à peu près comparable aux recherches menées sur l’oppidum de Bramefan (dans les environs d’Aix-en-Provence), dirigé par des collègues de l’université de Tübingen et terminé depuis 1995 Bofinger – Schweizer – Strobel 2000. . Nous nous efforcerons donc de renforcer la coopération franco-allemande dans ce domaine.